“Mon patron me fait peur !”, “mon mari m’exaspère !”, “ma femme m’énerve !”, “mon fils ado se fiche de ce que je lui dit !”, “Ma mère, je n’en peux plus, elle me fait tourner en bourrique !”
La relation aux autres n’est pas un long fleuve tranquille pavé de joies et de satisfactions mutuelles !
Penser que l’autre est la cause de la difficulté est souvent le premier réflexe et c’est parfois en partie vrai cependant nous sommes 2 (au moins) dans toute relation et de ce fait, chacun à sa part dans ce qui s’échange.
Eric BERNE, psychiatre Américain d’origine Canadienne et inventeur de l’analyse transactionnelle, a eu l’idée dans les années 60 que nous occupons (structurons) une grande partie de notre temps dans des échanges avec les autres aboutissant à des résultats prévisibles. Sources de stimulations importantes, ces échanges nous permettent de confirmer nos idées sur nous-mêmes, les autres, la vie, le monde. Et ceci en dehors de notre conscience Adulte.
Par exemple, quand je téléphonais à ma mère et qu’elle me faisait la liste de tous ses problèmes et maux divers, je me croyais “obligé” de lui trouver des solutions:
Elle : je dois aller chez le dentiste … Moi : prends un taxi. Elle : oui, mais ils sont chers ! Moi : Demande à mon frère. Elle : oui, mais il râle à force … Moi : demande à Marie de t’accompagner. Elle : oui, mais …. Moi: “Et bien ne me demande plus !”.
Je raccrochais, agacé et je me disais intérieurement “qu’elle se débrouille, je voulais l’aider alors zut !”, et elle, de son côté, raccrochait avec la croyance renforcée “c’est dur de vieillir, personne ne peux m’aider !”. En fait, elle ne demandais rien en clair mais de manière implicite.
Eric Berne a appelé ce type d’échange Un Jeux Psychologique, pas comme une passe-temps ludique mais comme une stratégie inconsciente de confirmation de nos croyances. Celui que j’ai décrit s’appelle “Oui, mais …” et nous étions 2 à jouer !
Ma mère partait d’une position de Victime (“je ne peux pas résoudre mon problème”) et, pour conserver cette croyance, frustre les autres (Persécuteur). Moi je tentais de la sauver par mes solutions (Sauveteur) pour finir par me sentir à mon tour impuissant à l’aider (Victime).
Est-il possible de sortir de ses répétitions assorties de ces sentiments négatifs ?
Oui, c’est possible avec l’aide d’un ou d’une professionnelle compétente:
- en prenant conscience de ce qui se passe à chaque étape et des sentiments et émotions associés
- en mobilisant son Adulte, c’est-à-dire la partie de soi en relation avec la réalité de l’ici et maintenant
- en retrouvant et en guérissant aujourd’hui les souffrances à cause desquelles nous avons pris des décisions dans l’enfance (que nous nous sommes empressés d’oublier d’ailleurs) mais toujours à l’oeuvre (“puisque c’est comme cela, plus jamais je ne …”)
- en décollant les enjeux (ex: mon patron me fait une remarque sur mon travail et je souffre comme si c’était mon père qui me rejetait).
Ce travail peut être long néanmoins de multiples cadeaux sont sur cette route :
- en répondant, si j’en ai la possibilité, la compétence et l’envie, à des demandes claires et explicites plutôt qu’à des appels implicites non formulés (même si en entreprise, “je n’ai pas envie” risque de ne pas être reçu positivement par un responsable hiérarchique mais faire préciser la demande est une demande légitime !)
- réduire son niveau de souffrance relationnelle.
- être en contact avec les autres de manière de plus en plus authentique
- être en cohérence avec soi-même, congruent.